Déclaration sur l’arrivée à Bamako de Besson, Ministre français des expulsions

Association malienne des expulsés, 28 mars 2009

Après Hortefeux, c’est maintenant au tour de Besson, Ministre français des expulsions d’établir des relations diplomatiques avec le Mali en vue de la signature du contrat sur la gestion concertée des flux migratoires que le Mali refuse de signer depuis bientôt deux ans.

Si Besson se déplace c’est qu’il doit disposer d’éléments nouveaux pour la négociation. Il convient de se méfier de cet homme aux valeurs douteuses qui a proposé comme nouvelle mesure de promettre des titres de séjour aux sans papiers qui dénonceraient les réseaux de passeurs (circulaire du 5 février 2009) et demandé aux médecins français de dénoncer les clandestins qu’ils identifieraient lors de leurs consultations. Ainsi le nouveau critère pour obtenir un visa est d’être un « dénonciateur », cet intérêt pour la délation laisse présager que les négociations sur la gestion concertée des flux migratoires vont se transformer en négociations mafieuses dont les victimes seront le peuple malien.

Le risque est donc fort que l’Etat Malien finisse par signer. Il semblerait qu’il revoie à la baisse ses exigences. Celles-ci étaient au départ l’exigence de la régularisation de tous les Maliens sans papiers, l’augmentation du nombre de métiers ouverts à emploi pour des Maliens et l’augmentation du nombre de visas annuels. Mais selon nos dernières sources, les exigences actuelles ne porteraient plus que sur le nombre de visas : la France en proposerait 1.500 et le Mali en exigerait 4.000. Ceci est bien loin du nombre de Maliens sans papiers estimé à environ 50.000.

De plus, le Président du Mali, Amadou Toumani Touré a précisé, lors d’une interview sur une radio française qu’il n’a pas refusé de signer les accords sur la gestion concertée des flux migratoires mais qu’il est toujours en négociation. Ainsi la venue du Ministre Besson laisse craindre que le marchandage reprenne.

Nous tenons à rappeler que cet accord a pour vocation d’inciter les autorités du Mali, pays de départ et de transit des migrants, à s’engager à contrôler les flux migratoires en échange de possibilités limitées de migration légale et d’aide au développement.

L’Etat français, dans le cadre de cet accord scélérat s’engagerait à accorder des visas dont le nombre est toujours en négociation sur la base d’une liste de métiers qui reste à définir, l’Etat malien considérant que les 88 métiers proposés par la France sont trop restrictifs.

Il convient de préciser que ces accords contiennent des clauses de réadmission qui faciliteraient l’expulsion effective des ressortissants maliens en situation irrégulière en France. Cet accord rendrait également possible la réadmission de ressortissants d’Etats tiers, principalement d’Afrique, ayant transité par le Mali avant d’atteindre l’Europe.

L’AME et son collectif de soutien sont très inquiets et demandent à l’Etat malien d’interrompre toutes négociations concernant les flux migratoires au titre des droits et de la dignité des personnes maliennes se trouvant en France mais également dans un souci de soutenir ses ressortissants dont les projets migratoires ont pour objectif essentiel l’amélioration des conditions de vie de leurs familles.

Collectif de Soutien : Aide- Mali, ARACEM, ARTD, Acte7, CAD-Mali, CargoCult, Djiguiya Genew Ton Jeunesse Union Africaine, Journal SANFIN, LJDH, Lutte contre le Désespoir des Jeunes, Etrange Rencontre, NoVox, Mouvement des Sans Voix, Réseau KAYIRA.

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