Employés sans titre de séjour, menacés par nos patrons… Notre voix doit être entendue !

Dix-huit employés, dont 14 sans-papier, d’un salon de coiffure parisien, situé au 57 bd de Strasbourg, publient une lettre ouverte à Manuel Valls.

[EDIT] Même s’il faut regretter que ce ne soient que des titres provisoires, le 10 avril 2015, tou-te-s avaient en main un titre de séjour. Reste à le transformer en carte de séjour !

Depuis 8 mois, ces treize femmes et cinq hommes occupent, nuit et jour, les locaux de leur entreprise en dépôt de bilan et ont porté plainte pour « Traite des êtres humains ». Malgré une mobilisation de plus en plus importante et des menaces répétées contre ces salariés, le gouvernement reste sourd à leur revendication.

Monsieur le premier ministre,
Malgré notre situation de vulnérabilité, dépourvus de titre de séjour pour 14 d’entre nous, victimes dans nos pays d’origine, menacés au quotidien par nos patrons, nous avons décidé de lever la tête, sortir de l’ombre, nous battre, depuis huit mois, et dire stop a la mafia qui nous exploite a château d’eau.
Nous avons parlé dans les médias a visages découverts, nous avons pris des risques, nous avons subi des pressions, mais nous avons osé porter plainte pour « traite des êtres humains » et accepté de travailler avec les services de police.
Depuis, certains d’entre nous ont été menacés de mort, tout comme ceux qui nous soutiennent.

Le 26 janvier, à 9h00, se tiendra au tribunal correctionnel de paris (29e chambre) le procès pour les menaces de décapitation qu’ont reçues trois des militants qui sont auprès de nous depuis le début et qui ont osé, eux aussi, parler dans les médias.
De nombreux soutiens se sont manifestes autour de nous : des intellectuels, des cinéastes, des comédiens, des syndicalistes, des associations, de nombreux élus et partis politiques, des syndicats de policiers, d’inspecteurs du travail, d’agents de la préfecture de police, de magistrats, d’avocats…
De nombreux journalistes se sont intéressés a notre histoire, nous ont entendus avec attention et nous ont invites sur leurs plateaux télés ou radios.
Un film a été réalisé sur notre combat par de grands cinéastes français.
Pourtant, aujourd’hui, nous ne sommes toujours pas protèges par un titre de séjour alors que les textes de loi le prévoient.
Malgré les différences de langue et de culture qui nous séparent et qui ont été volontairement organisées par nos patrons, afin d’éviter toute concertation et toute rébellion, nous avons réussi a nous unir et nous mettre en grève.
Nigérians, Ivoiriens, Chinois, Sénégalais, Burkinabés, Maliens, Guinéens, francophones, sinophones, anglophones, nous avons su dialoguer pour porter ce combat haut et fort pour nos droits mais aussi pour les droits de tous les travailleurs.
Si nous ne recouvrons pas nos droits, si notre voix n’est pas entendue, ce sera une victoire pour les mafias qui nous exploitent et un recul pour les droits de tous les salariés de France.
Si vous acceptez la violence des hommes qui nous disent : « tu acceptes ces conditions de travail-là ou c’est le trottoir ! », ce sera un recul pour les droits de toutes les femmes.
Si la traite des êtres humains n’est pas combattue en plein cœur de la capitale, ce sera un recul pour les droits de chaque être humain.
Allez-vous entendre notre appel, monsieur le premier ministre ?
Allez-vous dire aux réseaux qui nous exploitent : « stop ! La France ne vous laissera pas faire ! » ?
Nous avons des compétences en coiffure afro, en manucure.
Protèges par un titre de séjour, nous pourrons enfin nous reconstruire et être des salaries comme les autres avec des droits et des devoirs. Nous pourrons enfin cotiser et ainsi participer concrètement au renforcement et a la pérennisation du système de protection sociale.
Nous sommes des travailleuses et des travailleurs de France !
Nous sommes aussi la France dans toute sa diversité !
Le 28 janvier a 17h30, nous nous rassemblerons avec nos soutiens devant l’hôtel Matignon.
Nous vous demandons de recevoir une délégation. Notre voix doit être entendue.
Nous ne voulons pas disparaître ! Notre combat est juste !
Les 18 du 57 Bd Strasbourg
[Ce texte est extrait d’un article du journal « humanite.fr »]
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